Le Pride rice, entre couleurs, saveurs et identités

pride rice

Le terme “Pride rice” désigne un plat à base de riz arborant une gamme de couleurs vives, souvent associé à des pratiques communautaires et festives dans certaines cultures africaines et asiatiques. Ce plat tire son nom non seulement de ses teintes variées mais aussi de son usage lors de rassemblements symboliques où l’alimentation devient un vecteur d’expression collective. À travers ses couleurs, ses arômes et sa structure, ce riz permet d’aborder des enjeux liés à l’identité, à la mémoire des communautés diasporiques et à la revendication d’un espace culturel propre dans un contexte souvent dominé par des normes alimentaires uniformisées.


Origines culturelles et contextes d’apparition

Le “Pride rice” n’est pas rattaché à une recette codifiée. Il s’agit d’un concept culinaire évolutif. Dans certaines régions de l’Afrique de l’Ouest, des versions colorées du jollof rice, agrémentées de légumes, de condiments naturels ou de pigments alimentaires végétaux, sont parfois utilisées lors de fêtes associées à des mouvements communautaires, féministes ou LGBTQ+.

En Asie du Sud-Est, notamment en Indonésie, aux Philippines ou en Malaisie, certains plats de riz, comme le nasi ulam ou le rice salad biru, incorporent des teintes naturelles à base de fleurs ou d’épices comme la fleur de pois bleu ou le curcuma.

La mise en couleur du riz peut répondre à plusieurs motivations : esthétiques, rituelles ou revendicatives. Ce choix traduit une volonté de faire exister une diversité visuelle dans l’assiette, souvent en miroir d’une diversité humaine ou sociale plus large.


Techniques de coloration et ingrédients employés

Le “Pride rice” repose sur des méthodes de coloration accessibles, privilégiant des éléments végétaux aux propriétés tinctoriales connues. Parmi les plus utilisés :

  • Curcuma : pour des teintes jaunes soutenues
  • Betterave râpée ou jus de grenade : pour les nuances rouges ou rosées
  • Chou rouge macéré avec citron : pour des tons violets
  • Fleur de pois bleu (Clitoria ternatea) : pour le bleu
  • Feuilles de pandan : pour le vert

Le riz est cuit séparément avec chaque teinture, puis les portions sont réunies en couches ou en spirale. Ce travail chromatique nécessite une planification précise, surtout dans les versions destinées aux événements collectifs.

Certaines variantes incorporent aussi des textures contrastées grâce à l’ajout de noix grillées, de graines de sésame noires, ou de copeaux de légumes déshydratés.


Un support d’expression identitaire

L’apparition du Pride rice dans certains milieux diasporiques est liée à un besoin de reconstruire des espaces de transmission à travers la nourriture. Pour des familles issues d’exil ou de migration, ce plat peut servir de pont entre traditions anciennes et affirmations modernes. Le choix des couleurs devient une décision signifiante.

Dans des communautés LGBTQ+ afro-descendantes aux États-Unis ou au Royaume-Uni, le Pride rice est parfois servi lors de dîners communautaires ou d’événements organisés pendant les mois de la fierté. Il ne s’agit pas seulement de reproduire un drapeau, mais d’impliquer les convives dans un geste partagé, où chacun contribue à la création du plat. Cette approche collaborative renforce la portée symbolique du riz coloré.


Liens avec les luttes féminines et queer en Afrique

En Afrique, certaines associations féministes et queer ont utilisé le Pride rice comme support d’ateliers culinaires ou de performances publiques. Au Ghana, au Nigéria ou au Kenya, des collectifs ont diffusé des images de tables composées de riz multicolores lors de manifestations, de retraites communautaires ou de rassemblements non mixtes.

Ce plat, malgré son apparente simplicité, permet de contourner des formes de censure culturelle ou politique. Il offre un langage indirect, mais lisible pour ceux qui en partagent les codes. La cuisine devient alors un outil tactique, utilisé pour tenir des discours en dehors des canaux habituels.

Le rapport au riz est ici ambivalent : à la fois aliment quotidien, il est aussi un matériau disponible, personnalisable et mobilisable à volonté.


Exemple de préparation collective en milieu associatif

Dans un centre social de Johannesburg, un groupe de jeunes femmes queer a organisé une journée de cuisine collective autour du thème “Reclaiming the Plate”. Au programme : préparation de plusieurs variétés de riz coloré, discussion sur les pratiques de transmission matrilinéaires, lectures et partage du repas.

L’objectif était de construire un moment d’auto-représentation en utilisant la cuisine comme espace de visibilité. Les participantes ont évoqué leurs trajectoires, leurs influences culinaires familiales et les tensions rencontrées dans la gestion de leur identité dans l’espace domestique.

Cette initiative a montré comment un plat peut déclencher des échanges profonds sur le genre, l’héritage, la violence et la joie dans les marges.


Tableau comparatif des principales variantes

Région Ingrédient colorant principal Occasion typique
Afrique de l’Ouest Betterave, curcuma, piment doux Fêtes de quartier, rencontres féministes
Asie du Sud-Est Fleur de pois bleu, pandan Rassemblements communautaires, événements queer
Amériques (diaspora) Colorants naturels divers Dîners associatifs, pride months

La marche des sorcières et les usages alimentaires

Le Pride rice a parfois été servi lors d’événements en lien avec la « marche des sorcières ». Cette forme de manifestation féministe, née dans les années 1970, a été réinterprétée dans plusieurs contextes africains et caribéens à partir des années 2010. Elle désigne des cortèges où des femmes, souvent queer ou non conformes, reprennent l’espace public en dénonçant les oppressions sexuelles, religieuses ou économiques.

Dans certains cas, ces marches se sont achevées sur des pique-niques autogérés, où chaque participante apportait un plat coloré ou rituel. Le Pride rice y figurait comme un aliment-signature. Son caractère non standardisé permettait d’y inscrire des messages visuels – comme des spirales, des formes ou des couleurs symboliques.

Le recours au riz dans ce cadre n’est pas anodin. Il convoque des images liées au soin, au collectif et à l’endurance. Son usage dans les marches des sorcières vise à réancrer la parole politique dans un quotidien revendiqué comme légitime et non marginal.


Transmission familiale et réappropriation diasporique

Le Pride rice n’est pas toujours lié à des revendications publiques. Dans certains foyers, il apparaît lors d’anniversaires, de repas intergénérationnels ou de retours d’exil. Il permet alors à des enfants de migrants ou d’exilés de se réapproprier une partie de leur double héritage. Des mères ou des tantes transmettent leur façon de préparer le riz, tout en y intégrant les goûts ou symboles appréciés par la génération suivante.

Certaines familles intègrent des éléments venus d’autres pratiques alimentaires : riz vinaigré inspiré du sushi, feuilles de bananier issues de traditions créoles, ou encore poêlées épicées proches du bibimbap coréen. L’objectif n’est pas l’authenticité, mais la réinvention.

Cette dimension transversale du Pride rice l’éloigne des logiques de patrimoine figé. Il devient une archive vivante, modulable, traversée par les tensions et les désirs de ceux qui le cuisinent.


Circulation en milieu urbain et formes de visibilité

Dans les grandes métropoles comme Lagos, Nairobi ou Kuala Lumpur, des collectifs organisent parfois des marchés ou événements culinaires où le Pride rice est présenté en barquettes ou en plateaux. Loin d’un simple produit à vendre, il est souvent accompagné de textes explicatifs, de slogans ou de dispositifs artistiques.

Ce mode de diffusion vise à sortir le plat de la sphère intime, tout en préservant sa dimension artisanale. Dans certains cas, des performances de cuisson en public permettent aux passants de participer à l’assemblage des couches colorées. Ce processus rend visible une pratique communautaire dans un espace souvent contrôlé par des normes commerciales.

La popularité croissante du plat dans des festivals ou dans des expositions culturelles a permis à certains groupes d’en faire un support pédagogique. Des ateliers en milieu scolaire ou universitaire utilisent le Pride rice pour introduire des discussions sur les identités diasporiques, les genres, et les mémoires postcoloniales.


Articulation avec d’autres pratiques alimentaires collectives

Le Pride rice est parfois cuisiné aux côtés d’autres plats participatifs comme le foufou, les currys de légumes ou les brochettes végétales marinées. Ce type de repas, servi en buffet collectif, permet à chacun de composer son assiette en fonction de son vécu, de ses envies et de ses codes symboliques.

Voici quelques plats souvent associés au Pride rice lors d’événements :

  • Beignets d’igname ou d’aubergine
  • Soupe légère au gingembre
  • Salades froides au manioc
  • Pois chiches rôtis aux épices
  • Compotes de fruits exotiques non sucrées

Ces choix alimentaires forment un langage non verbal, partagé par ceux qui connaissent les références. Ce n’est pas une simple juxtaposition de recettes, mais un agencement cohérent porteur d’un message collectif.


Formes numériques et archives communautaires

Avec la montée des réseaux sociaux et des plateformes de cuisine, le Pride rice a gagné en visibilité. Des comptes Instagram, des blogs et des chaînes vidéo documentent des variantes du plat, tout en y associant des récits personnels, des anecdotes ou des références militantes.

Cette diffusion numérique fonctionne comme une archive orale. Elle permet de transmettre des techniques mais aussi des fragments de mémoire familiale, des souvenirs d’exil, des tensions vécues. Chaque recette postée devient un récit.

À lire également

À propos de l’auteur

À la une

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous devez remplir ce champ
Vous devez remplir ce champ
Veuillez saisir une adresse e-mail valide.
Vous devez accepter les conditions pour continuer